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Chers Humains, nous traversons une zone de turbulences...Détendez-vous, c’est totalement normal.

Ou comment ça va être encore mieux après (si on s'écoute un peu).


Publié le lundi, 06 janvier 2020 dans la catégorie Welcome to me

Et en 2020, il va falloir encore attacher sa ceinture bien comme il faut, parce que ça va secouer : nous vivons une période que certains qualifieront de difficile, sans aucun doute tumultueuse. Je la trouve personnellement totalement passionnante.

C'est un moment historique dans l'évolution de l'humanité : celui de la prise de conscience en masse que les rapports hommes-femmes sont à réinventer. Attention, je ne dis pas qu’on est au début du féminisme, hein, sans un gros boulot fait depuis des siècles par des warriors, femmes et hommes confondus, on n’en serait pas à ce stade.

Mais il y a un avant et un après #metoo. Que ça plaise ou non.

C'était mieux avant?...Nah !

On ne peut plus aujourd'hui voir le monde de la même façon qu'avant cette révolution qui n’est autre qu’une prise conscience de la part des femmes et de pas mal d'hommes aussi. Je ne sais pas vous, mais moi, je n’arrive plus à regarder les films « d’avant » sans être saisie par leur conditionnement genré. Je suis devenue un test de Bechdel vivant (test créé par Alison Bechdel afin de montrer la sur-représentation des protagonistes masculins au cinéma)C’est un peu pénible pour se détendre mais c’est un passage obligé.

Pour comprendre pourquoi tout est si tumultueux en ce moment, le mieux est d'exposer quelques "avants" qui n’ont pas tous à voir avec les rapports hommes-femmes.

AVANT, dans bon nombre de pays, on trouvait l'esclavage des Noirs normal. Les Blancs ne partageaient même pas les restaurants ou les places dans le bus avec leurs contemporains noirs. Si, entre autres, Rosa Parks n'avait pas eu le courage de dire "Nah!" et de propager le #metoo de l'époque, aujourd'hui on ne trouverait pas intolérable l'esclavage d'un être humain par un autre. Alors, oui, l’esclavage d’une ethnie sur une autre existe encore dans quelques endroits du monde mais avouons quand même qu’il y a eu des pas de géants. Les mentalités ont changé. Du coup, la photo suivante a de grandes chances de vous faire vomir.

 

AVANT, les enfants n'avaient pas de droits : ils devaient gentiment la boucler à table et les raclées étaient monnaie courante, des us et coutumes que personne n'a remis en cause pendant des siècles. Dès 1841, une loi a été votée, loi réglementant le travail des enfants dans les manufactures. Ce n'était qu'un début vu que les enfants pouvaient légalement travailler mais pas plus de 8 heures s'ils avaient moins de 8 ans. Aujourd'hui, même si le travail des enfants existent toujours, c'est quand même moins fréquent qu'à cette époque. Ce type de législation a participé à la création de la Convention Relative aux Droits de l'Enfant en 1989 par l'Assemblée Générale des Nations Unies.

Et si ça coince encore chez certaines personne, la loi interdisant définitivement les violences éducatives ordinaires (VEO) comme la fameuse fessée (mais aussi les cris ou autres humiliations) a quand même été votée en 2019. Tout ça pour conclure qu'avant, un enfant n'était pas considéré comme un être humain avec des droits, il était assujetti à l'adulte qui avait total pouvoir sur lui. Tout ceci n'est pas un détail : des études montrent aujourd'hui combien les traumatismes de l'enfance, qu'ils soient très violents ou juste de la violence ordinaire, laissent des traces psychologiques profondes et font de futurs adultes moins bien dans leur peau et dans la société. Donc, ces prises de consciences suivies de lois sont essentielles pour l'évolution de l'humanité et le bonheur de chacun.

 

AVANT 1924, les femmes ne pouvaient pas passer le baccalauréat.
AVANT le 13 juillet 1965, les femmes ne pouvaient ouvrir un compte en banque ou accepter un boulot sans l’autorisation de leur mari.

AVANT 1967, elles ne pouvaient pas spéculer en bourse.

AVANT 1975, les maris pouvaient lire les lettres de leurs épouses et décider de leurs relations.
Tout ça, en France.

Ce n’est qu’un minuscule aperçu des « AVANT ». Mais pour que les choses changent, il faut d’abord prendre conscience que quelque chose ne va pas, ensuite souvent faire passer des lois et enfin, le plus dur…: que les mentalités changent. Et cela prend du temps.

La pilule du changement a toujours été difficile à passer.

Simone Veil en a fait les frais, la loi sur l’avortement n'est pas passée crème dans les années 70. Dans un entretien avec la journaliste Annick Cojean, paru dans Le Monde en 2005 et republié en 2018 à son entrée au Panthéon, Simone Veil revient sur les attaques qu'elle a subies à l'époque. «Je savais – ne serait-ce que par le courrier reçu – que les attaques seraient vives, car le sujet heurtait des convictions philosophiques et religieuses sincères. Mais je n'imaginais pas la haine que j'allais susciter, la monstruosité des propos de certains parlementaires ni leur grossièreté à mon égard. Une grossièreté inimaginable. Un langage de soudards. Car il semble qu'en abordant ce type de sujets, et face à une femme, certains hommes usent spontanément d'un discours empreint de machisme et de vulgarité».

Simone De Beauvoir a elle aussi essuyé pas mal d'insultes de la part de ses contemporains à la sortie du Deuxième Sexe en 1949. Elle le racontera dans son autobiographie, la Force des choses, sortie en 1963 : «Dans Liberté de l’Esprit, Boisdeffre et Nimier rivalisèrent de dédain. J’étais une "pauvre fille" névrosée, une refoulée, une frustrée, une déshéritée, une virago, une mal baisée, une envieuse, une aigrie bourrée de complexes d’infériorité à l’égard des hommes, à l’égard des femmes, le ressentiment me rongeait.» Au Figaro, Mauriac confiait sur son ouvrage : «Nous avons atteint les limites de l’abject». Il n’y est pas allé avec le dos de la cuillère, le François.

Ces deux femmes remarquables, qui ont changé pour toujours le cours de l’humanité, ont subi un lynchage d’une violence inouïe à l’époque.

Et juste histoire de bien se remettre dans l’état des esprits des années 70, matez donc cette vidéo :

Période de transition = Période de turbulences

Venons en donc aux sujets brûlants voire chauds patate du moment : De Weinstein à Matzneff en passant par Polanski. Je ne m’attacherai pas aux faits eux-mêmes, d’autres maîtrisent mieux le sujet que moi. Ce qui m’intéresse, ce sont les réactions de part et d’autres et…le contexte. Passé d’abord : les hommes en question ont été éduqués dans un monde où le mâle humain est dominant, où on justifie leurs désirs qu'on appelle des pulsions masculines, où on les qualifie de sexe fort. Des hommes qui ont ou ont eu du pouvoir. Ils ont eu des comportements qui étaient très, très tolérés à une certaine époque, voire même qui forçaient même le respect (cf la vidéo de l’émission de Bernard Pivot avec Matzneff) et peu se risquait ou avait même l'idée de s'insurger (MERCI Denise Bombardier!). Sauf qu'entre-temps, les mentalités ont évolué, certaines langues se sont déliées, certains esprits nous ont ouvert les yeux et aujourd'hui, ces comportements nous semblent intolérables. Et c'est vachement bien ! Ça coince juste aux entournures de certains hommes et de certaines femmes aussi. Il est difficile pour certaines femmes à qui on a faire croire qu’elles étaient le sexe faible, dépendantes des hommes et/ou qui ont existé à travers le regard des hommes que ressortir de vieux dossiers est justifié. La tribune sur « la liberté d’importuner » signée par 100 femmes dont Catherine Deneuve le 9 janvier 2018 en est un bel exemple.
Et j’entends beaucoup de choses depuis ces affaires, certains trouvent qu’on en fait trop avec le #metoo, que les faits remontent à loin, que ce n’est plus la même époque, que les victimes n’avaient qu’à se plaindre avant, etc…On prend parti, on défend souvent son genre, son bout de gras, son film ou juste sa peau. Mais est-ce qu’on pourrait s’intéresser un peu aux victimes plutôt que de les lyncher? Est-ce qu’on pourrait se pencher sur les conséquences d’une agression sexuelle ou d’un acte consenti sous emprise? On se demande comment la personne fait pour vivre avec ça? Est-ce que l’époque où les actes se sont produits rendent la souffrance plus douce? Il n'y a pas de date de péremption à la douleur. Toute leur vie, elles vivent avec le trauma. Et en plus, on les juge quand elles en parlent !

Le livre de Vanessa Springora, intitulé « Le consentement », sorti le 2 janvier dernier, et qui relate la relation de l’auteure, âgée de 14 ans au moment des faits, avec Gabriel Matzneff, qui avait, lui, 50 ans, apportera sûrement un éclairage intéressant afin de mieux alimenter le débat sur le consentement. Parce que jusqu’à preuve du contraire, les choses ne sont pas limpides pour tout le monde en la matière => N'hésitez pas à checker mon article précédent sur le sujet en cliquant ICI

Le seul homme médiatisé, à ma connaissance, qui a eu une vraie réponse dans le domaine est Louis C.K. Accusé de harcèlement sexuel en novembre 2017 par cinq femmes, Louis C.K a fait paraitre un communiqué de presse dans lequel il exprime la notion de pouvoir qu’il avait sur les victimes et dans son milieu professionnel. Adèle Haenel nous a aussi éclairé, mais dans l’autre sens : elle a plus de pouvoir que son agresseur aujourd’hui, est connue, reconnue et respectée et a donc une voix plus facile à faire entendre.

 Ré-inventons les rapports hommes-femmes.

Moultes personnes sont las du #metoo quand d'autres s'ouvrent à la prise de conscience. D’autres en ont marre des inscriptions faisant état des violences faites aux femmes, ils-elles trouvent choquant d’étaler ces messages violents dans les rues, aux vues des enfants. Oui, je suis entièrement d’accord, c’est violent. Comme le #balancetonporc qui peut en effet être discuté sur les conséquences rapport au lynchage numérique. Oui, tout cela est d’une violence extrême. Mais où est la pire violence? Dans les actes commis par les agresseurs ou dans la prise de parole des victimes? Ça me fait le même effet quand on critique les violences de certaines manifestations sans parler de la violence qui a provoqué ces manifestations. Je ne fais pas l’apologie de la violence, loin de là, mon credo c’est le dialogue, mais je m’interroge toujours sur la cause qui provoque la violence à sa racine.

Ne pourrait-on pas questionner la violence ambiante en se demandant si les victimes sont suffisamment écoutées? Le Grenelle des violences faites aux femmes de cet automne a montré que le personnel accueillant les victimes, de la police au milieu hospitalier, n’était pas prêt, pas assez formé dans le domaine. Si on écoutait au lieu de juger ou de parler encore plus fort, soit-disant lassé-e-s par le bruit de la colère et la souffrance des victimes?

Certains hommes se plaignent de ne plus pouvoir draguer une femme sans avoir peur qu’elle se sente agressée. Ok. J’entends. On change les règles donc forcément il n’y a plus de base référente. Mais réinventons-nous ! Parlons des choses. Enchangeons au lieu de rester chacun dans son coin avec sa colère, ses peurs. Réinventons la drague !

Et les garçons, mettez-vous à la place de certaines filles qui se font importuner de façon lourde. Posez-vous aussi la question de savoir comment vous réagissez lorsque vous êtes éconduits? Vous passez direct à autre chose ou vous finissez par insulter la personne que vous couvriez de louanges quelques temps auparavant ou encore avez-vous du ressentiment car vous êtes blessés? Notre ego n’aime pas le non. Et les garçons, vous êtes élevés dans un monde patriarcal où on vous a inculqué que vous étiez forts, pas le choix, et quand on est fort, on gagne, rien ne nous résiste.

Quant à vous les filles, êtes-vous toujours dans le schéma archaïque mais encore très prégnant du « C’est au garçon de faire le premier pas » ou « C’est au garçon de payer l’addition lors d’un date »? Tous ces fonctionnements ont des racines bien profondes. Les comprendre aide à s’en détacher. Nous sommes encore à l’ère où une femme qui enchaine les partenaires est qualifiée de facile voire de salope alors qu’un homme est un Don Juan. Et nous sommes aussi toujours dans un monde où les femmes gagnent moins que les hommes et dépensent encore beaucoup plus que ces derniers pour leur apparence physique.

Les choses bougent mais pas sans heurts. Nous devons regarder cette période comme une chance pour chacun de se sentir mieux avec l’autre. Plus nous serons nombreux à accepter l’autre comme un-e égal-e sans le-la juger, que ce soit pour son sexe, son orientation sexuelle, son désir d’enfant ou non et j’en passe, plus nous nous libèrerons du joug de nos croyances limitantes. Marchons les un-e-s vers les autres au lieu de s'avoiner dessus.

On est en pleine transition, donc ça coince beaucoup, beaucoup. Allez, disons-le, c’est la merde. On ne se sent pas ultra bien, désemparé-e-s, à poil, incompris-es.

A nous de décider d’en faire quelque chose de bien, de nous nourrir des connaissances nouvelles que l’on a sur nous et les autres.L’évolution des mentalités va prendre du temps. Qui dit gros changement dit gros retour du conservatisme. Et cela s'explique : certains ne veulent pas perdre leurs privilèges ou n'arrivent pas à imaginer un monde différent de celui qu'ils ont connu. Le changement fait peur. L’inconnu angoisse. Sortir de sa zone de confort implique de se réinventer. Et c'est totalement excitant !

Les multiples études psychologiques sur nos comportements, notre cerveau, nos émotions, notre empathie, nos croyances, nos traumatismes etc..., sont autant de prises de conscience qui font que l'humain avance, se comprend mieux et comprend mieux son prochain. Est-ce que ce n'est pas une super nouvelle pour l'humanité?!
Prenez le syndrome de Stockholm : on comprend mieux pourquoi les victimes ne se rebellent pas si facilement face à leur agresseur. Le cerveau humain est complexe et on n’a pas encore bien compris comment il fonctionnait. Remercions donc toutes ces personnes qui ont le courage de témoigner. Et s’il faut en passer par une période de totale désorientation, allons-y, plongeons dedans au lieu de rester cramponner à nos croyances anciennes et pour nombre d’entre elles erronées. L’empathie est certainement une des clés pour nous en sortir et inventer un nouveau monde. L'écoute et la communication aussi. Oui, oui, certains me diront que je suis dans le monde des bisounours. Oui, bah, on pourrait essayer parce qu'on a passé plus de temps à s'opposer qu'à essayer de s'écouter, en vrai. Si on se tendait la main et l'oreille? Allez, venez...on se fait un câlin?

J’ai peut-être une autre solution : si on arrêtait de voir le monde de façon binaire, et donc homme-femme, mais d'essayer plutôt d'appréhender chacun comme un être humain avec les mêmes droits? Je développerai dans un prochain billet. En attendant, vos retours m’intéressent, évidemment. Comprendre, chercher, essayer, c’est une des motivations de base qui me pousse à écrire.

2020, on va la faire main dans la main. Ok...on peut essayer au moins?

 




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J'ai déjà abordé le sujet ici :
Consentement sexuel : est-ce vraiment si simple de dire non?

Cet article parle de printemps, d'hommes blancs et vieux, de replay et de Fiat Tipo.


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